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Quel auteur a dit tout ce que je sais c’est que je ne sais rien
Locution-phrase (Philosophie) Maxime attribuée au philosophe Socrate, pour souligner sa propre ignorance.
Quelle est la phrase célèbre de Socrate
‘Connais-toi toi-même.’ ‘Je ne suis ni Athénien, ni Grec, mais un citoyen du monde.’ ‘Dans tous les cas, mariez-vous. Si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux ; et si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l’homme.’
Quelle est la thèse de l’Apologie de Socrate ?
Apologie Explication 1 Explication de texte 1 TEXTE : Quels effets les athéniens (.) contre mes accusateurs récents
- Edition GF : p85 /86
- Introduction
- Situation de l’extrait :
- Cet extrait de l’apologie de Socrate constitue le texte d’ouverture de l’apologie, il nous fait entendre les premières paroles adressées par Socrate aux juges ; il s’agit de l’introduction dans laquelle Socrate indique comment il compte se défendre : en parlant simplement et en disant la vérité, il indique aussi le plan de son discours : répondre aux accusations anciennes puis récentes,
- Thème de l’extrait :
- Cette introduction met en exergue le thème du langage et plus précisément la puissance de la rhétorique capable de séduire les esprits et de rendre vraisemblable les mensonges les plus grossiers surtout lorsqu’ils sont corroborés par le pouvoir aveugle des rumeurs, des ouïes dires et des préjugés.
- Thèse
- La thèse de Socrate dans ce passage consiste à soutenir qu’un bon orateur est celui qui dit la vérité et il affirme ainsi que la véracité des propos compte infiniment plus que la beauté, le style du discours ou encore l’éloquence de celui qui parle.
Il est alors possible de retrouver à en filigrane une opposition entre le discours des sophistes (dont le but est de persuader) et celui du philosophe qui est tourné vers la vérité. La recherche de la vérité passe en effet par le dialogue pour Socrate, celui-ci doit permettre à l’interlocuteur de prendre conscience de ses propres idées (c’est ce que Socrate exprime avec l’image de « l’accouchement » des idées que l’on retrouve dans le terme maïeutique ).
- Pourquoi Socrate n’utilise-t-il pas les mêmes armes que ses accusateurs pour se défendre et ainsi tenter de gagner son procès ?
A partir de ce texte nous pouvons dégager trois axes importants :
- Le portrait que les accusateurs ont établi de Socrate
- Le portrait des accusateurs par Socrate
- L’autoportrait de Socrate
Le portrait que les accusateurs ont établi de Socrate Le discours d’accusation prononcé par Mélétos vient de s’achever, c’est au tour de Socrate de prendre la parole pour se défendre conformément à la législation athénienne de l’époque. Les accusateurs viennent de dresser un portrait de lui qui l’accable et le dépeint comme une mauvaise personne.
- Socrate constate immédiatement à quel point le discours de l’accusation a été éloquent et persuasif,
- Il souligne ce point en évoquant les effets du discours sur l’auditoire composé d’une assemblée d’environ 500 juges choisis parmi les citoyens.
- Voir les expressions : « bien parler », « propos persuasifs »).
Le portrait que les accusateurs ont dressé de Socrate est complètement erroné mais pourrait pourtant sembler véridique auprès des juges comme le montre la question initiale posée par Socrate : « Quels effets ont produit sur vous mes accusateurs, je l’ignore?».
Socrate lui -même a été affecté par ces paroles, il en viendrait presque à oublier « qui il est lui-même », et son identité s’en trouve quasiment altérée. En effet l’identité personnelle dépend en partie de la perception d’autrui et de sa manière de la caractériser au point où certaines personnes laissent parfois les autres décider à leur place de qui ils sont véritablement.
Mais Socrate lui ne se laisse pas faire : il rétorque et veut rétablir la vérité sur sa personne et son action. Mais quel portrait les accusateurs ont-ils dressé ? Socrate est d’autant plus surpris que ces calomniateurs ont averti l’auditoire qu’il était habile dans l’art de la parole et qu’il fallait donc se méfier de ses discours.
En d’autres termes, ils l’on accusé d’être un « beau parleur » pour affaiblir le discours qu’il pourrait tenir pour se défendre, ce qui devait être un procédé habituel dans le contexte judiciaire de l’époque. On sait également que l’accusation reproche à Socrate d’être une mauvaise personne qui exerce une influence néfaste sur l’esprit et les mœurs de ses concitoyens en particulier les jeunes.
L’acte d’accusation lui reproche de « ne pas croire aux dieux de la Cité et de corrompre la jeunesse » On le dépeint comme un être malfaisant, un corrupteur (qui corrompt moralement, il n’y a pas ici l’aspect financier comme dans le sens actuel du terme – un juge corrompu) et un impie ( Qui marque le mépris de la religion, des croyances religieuses.) Ce premier moment du texte souligne la force de la rhétorique, le pouvoir de la parole en particulier dans le contexte d’une démocratie directe.
- Pour convaincre ou persuader, le rôle de la parole est essentiel.
- Dans le tribunal, les juges sont des citoyens ordinaires qu’il faut rallier à sa cause.
- Les joutes verbales transforment alors le tribunal en une sorte d’arène ou les protagonistes s’affrontent avec leurs discours qui prennent alors une forme agonistique.
Pourtant Socrate refuse d’entrer dans cette joute verbale.
Le portrait de Socrate selon les accusateurs | |
Qualités/défaut : | Références : |
Habille orateur | D’après le texte : « tant était persuasifs les propos qu’ils tenaient » |
Corrupteur | D’après l’acte d’accusation |
Impie | D’après l’acte d’accusation |
b) Le portrait des accusateurs par Socrate Socrate qualifie à plusieurs reprises les discours des accusateurs comme mensongers, ceux qui ont porté plainte contre lui sont de véritables sycophantes (calomniateurs) qui cherchent des prétextes pour lui nuire.
Le portrait des accusateurs par Socrate | |
Qualités/défaut : | Références : |
Menteurs |
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Sans vergogne, ils n’ont aucune honte à mentir et calomnier |
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Beaux parleurs | Citations du texte : Discours élégamment tourné comme les leurs |
Jeunes | D’après le texte Des propos modelés comme un jeune homme |
C ) L’autoportrait de Socrate Socrate soutient qu’il va dire la vérité et qu’il ne cherchera pas à enjoliver d’aucune façon ses propos par des beaux discours. Il se présente donc comme une personne sincère qui a un franc parler, On se rend bien compte ici que Socrate refuse dès le début du procès de de se plier en quelque sorte aux conventions, aux règles du jeu en vigueur dans le procès.
- Est-ce que le combat est perdu d’avance parce qu’il ne maitrise pas la rhétorique car comme il le reconnaît lui-même il n’est pas un habile orateur.
- Ou bien est-ce parce qu’il ne veut pas s’abaisser au même niveau que ses accusateurs ? La rhétorique n’est elle pas une façon de tromper l’auditoire et dans ce cas serait comparable à un mensonge moralement condamnable ? Cette façon de faire n’est pas aussi une sorte de perversion du langage qui devient une arme alors que sa finalité est celle de l’écoute, du dialogue et du partage ?
L’autoportrait de Socrate | |
Qualités/défaut : | Références : |
Sincère/ franc | Citations du texte : – De ma bouche, c’est la vérité, toute la vérité que vous entendrez sortir. |
Pas habile orateur | Citations du texte : Ce ne sont pas des discours élégamment tourné comme les leurs, ni des discours qu’embellissent des expressions et des termes choisis. |
Homme mur, âgé donc synonyme d’expérience ou de sagesse | Il serait malséant qu’un homme de mon âge montât à la tribune pour vous adresser des propos qu’il aurait modelés comme l’aurait fait un jeune homme. |
Socrate déclare qu’il va parler dans ce tribunal avec les premiers mots venus, comme s’il se trouver sur la place du marché ce qui pourrait être perçu comme un manque de respect, une « insulte » pour les juges et la solennité du lieu dans lequel il se trouve.
- Rappelons que le procès se tient dans un lieu important pour la démocratie athénienne : la Pnyx, lieu dans lequel les citoyens se réunissent pour voter les lois, désigner les magistrats et siéger à des procès dont les motifs sont souvent d’ordre religieux ou politique.
- Socrate réclame alors l’indulgence, la clémence des juges ; c’est la 1 ère fois qu’il comparait devant un tribunal et il se dit complètement étranger à la manière de parler qu’on utilise dans les tribunaux.
Cette affirmation pourrait surprendre car on sait que Socrate est né à Athènes, ville qu’il n’a jamais quitté et même s’il fréquence surtout l’agora (la place publique à la fois marché et lieu de discussion), il est surprenant qu’il ignore à ce point ce qui se passe dans les hauteurs d’Athènes, sur la colline du Pnyx.
S’il se dit étranger, c’est surtout en raison d’un décalage : Socrate est un citoyen athénien mais qui a toujours cherché à penser par lui-même et qui prône la réflexion critique, C’est pourquoi il reste dans une certaine mesure à l’écart des autres personnes qui se laissent complètement endoctriner par la propagande des discours politique.
Il peut donc se sentir étranger à la manière de parler et de penser qui domine la société dans laquelle il vit. C’est sentiment d’étrangeté que l’on peut tous ressentir parfois quand tout d’un coup nos évidences disparaissent et que le doute surgit. Socrate poursuit son allocution en indiquant les devoirs de l’accusé et des juges.
Pour l’accusé, il s’agit de dire la vérité sans chercher à embellir ou transformer la réalité. La vérité apparaît comme fondamentale dans l’établissement de la justice. C’est pourquoi la qualité de l’orateur dans ce contexte, c’est de dire la vérité. Pour les juges, ils ne doivent pas prendre en compte les artifices du discours, ils doivent avoir pour seul pont de mire la justice.
La justice qui consiste selon la définition qu’en donne consiste à « rendre à chacun ce qui lui est dû » c’est-à-dire ce qu’il mérite. La justice n’est donc pas la stricte application de la loi (légalité) mais savoir adapter la loi aux cas particuliers en fonction des circonstances.
- Il termine en indiquant le plan de sa défense qui est chronologique, répondre d’abord aux accusations anciennes et ensuite aux accusations récentes, celles de Mélotos et Anytos.
- En effet ce sont les accusations les plus anciennes qui sont les plus difficiles à combattre comme nous allons le voir dans la prochaine explication.
Conclusion : langage et vérité Le langage peut être associé ou opposé à la vérité. Le mensonge apparaît dès le départ comme une possibilité du langage humain, les accusateurs n’hésitent pas à l’utiliser Pourtant le langage est aussi l’élément dans lequel la vérité peut se manifester, c’est aussi un outil au service de la vérité quand il est bien utilisé.
C’est la conviction de Socrate quand il s’adresse aux choses sans quoi il garderait le silence. Au travers de Socrate et de ses accusateurs, deux conceptions du langage se font face : Les sophiste ( et de ceux qui utilisent leurs procédés) considèrent que toutes les avis sont relatifs et qu’il n’existe donc pas de vérité absolue.
La vérité, c’est d’abord ce que croit une personne. Ainsi le mensonge de l’un est la vérité d’un autre. Dans ce cas, la parole qui permet de créer ou de changer l’opinion d’une personne a en quelque sorte le pouvoir de créer la vérité. En revanche, pour Socrate et à sa suite Platon et Aristote, il existe une vérité reste indépendante du langage, ce dernier n’a pas le pouvoir de « créer » la vérité de toute pièce mais seulement de manifester la vérité.
- En d’autres termes, la parole doit se référer à une réalité extérieure au discours et c’est seulement lorsque ce que l’on dit coïncide ou s’accorde bien avec cette réalité que l’on peut alors dire que la parole est vraie.
- Dans le cas contraire, il s’agit d’une erreur ou d’un mensonge.
- C’est cette conception en quelque sorte « réaliste » de la vérité qui est présente dans la pensée de Socrate.
Il ne faut pas juger sur ce que l’on croit ou en fonction de sa certitude mais en se fondant sur la réalité ce qui suppose souvent que l’on dépasse les certitudes immédiates. : Apologie Explication 1
Quel est le bonheur pour Socrate
Pour l’élève de Socrate, le bonheur est le but de la vie meilleure, comme il l’explique dans ‘Le Banquet’ et ‘Le Timée’. Textes commentés.
Qu’est-ce qu’il y a de pire que l’ignorance pour Socrate ?
Socrate : un exemple de démarche philosophique. Socrate (vers 470-399 av.J.-C.) Nous connaissons principalement Socrate grâce aux dialogues écrits par Platon (429-347 av.J.-C.), un de ses disciples. Ces œuvres nous dépeignent Socrate comme un personnage occupé à questionner les citoyens de l’Athènes démocratique sur toutes sortes de questions.
- Socrate est à la recherche de la vérité, il ne prétend aucunement la posséder : ” Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien “, dit-il.
- En ce sens, il est philosophe (comme l’indique son étymologie, ce mot signifie ” amoureux du savoir, de la sagesse ” ; le premier usage de ce mot revient à Pythagore ) et non sophiste (possesseur du savoir).
C’est d’ailleurs contre les Sophistes que Socrate dépense ses efforts. Les sophistes et la rhétorique : l’art de persuader contre l’art de convaincre. Les Sophistes (comme Protagoras, vers 485- vers 411 av.J.-C.) sont souvent des professeurs de rhétorique (art du discours) qui se prétendent capables de soutenir n’importe quel point de vue sur n’importe quel sujet, car selon eux aucune vérité n’est durable, ” toutes nos connaissances viennent de la sensation, et la sensation varie selon les individus.
- L’homme est donc la mesure de toutes choses.”, comme l’affirme Protagoras, c’est-à-dire que chaque individu conçoit le monde à sa manière.
- Les Sophistes préfèrent ainsi le pouvoir de la persuasion à l’honnêteté de la conviction et à la recherche de la vérité ( persuader signifie emporter l’adhésion de son auditoire par n’importe quel moyen, convaincre suppose de ne faire appel qu’à des moyens rigoureusement rationnels sans chercher à tromper son auditoire ; convaincre, ce n’est pas triompher de son interlocuteur mais vaincre avec lui contre l’ignorance, l’erreur ou l’illusion).
Les Sophistes utilisent leurs compétences pour conquérir le pouvoir ou les louent au profit d’hommes riches. L’interrogation des mythes et des croyances. Platon (dans Apologie de Socrate ) raconte que Chéréphon, l’ami d’enfance de Socrate, interrogea l’ oracle de Delphes sur Socrate.
- La Pythie, censée être une prophétesse capable de comprendre les réponses aux questions que l’on posait par son intermédiaire à Apollon, lui répondit qu’il n’y avait pas d’homme plus sage, plus libre, plus juste, plus sensé que Socrate.
- Celui-ci va alors s’interroger sur la réponse de l’oracle.
- Cette volonté de vérifier la prophétie n’est pas la manifestation d’une suspicion de Socrate à l’égard de la religion de son temps mais une volonté d’assurer le discours sur des preuves et des arguments rationnels.
Socrate se met à chercher quelqu’un de plus savant que lui et interroge de prétendus spécialistes sur les savoirs qu’ils sont censés les mieux connaître. ” Cet homme, me sembla-t-il, passait aux yeux de beaucoup de gens et surtout à ses propres yeux pour quelqu’un qui savait quelque chose, mais ce n’était pas le cas.
Et le résultat fut que je m’attirai son inimité et celle de plusieurs des gens qui assistaient à la scène. En repartant, je me disais donc à moi-même : “Je suis plus savant que cet homme-là. En effet, il est à craindre que nous ne sachions ni l’un ni l’autre rien qui vaille la peine, mais, tandis que, lui, il s’imagine qu’il sait quelque chose alors qu’il ne sait rien, moi qui effectivement ne sait rien, je ne vais pas m’imaginer que je sais quelque chose.
En tout cas, j’ai l’impression d’être plus savant que lui en ceci qui représente peu de chose : je ne m’imagine même pas savoir ce que je ne sais pas. ” (Platon, Apologie de Socrate ). La pire ignorance est celle qui s’ignore elle-même. Pour Socrate, la pire ignorance est celle qui s’ignore elle-même,
Il est moins grave de se savoir ignorant que de se croire savant. Ignorer et ne pas reconnaître son ignorance, c’est être victime d’une illusion alors que reconnaître son ignorance, c’est reconnaître un manque que l’on est alors disposé à vouloir combler par la curiosité. Prendre conscience de son ignorance est une étape préliminaire dans la quête du savoir.
Remarquons que chez Descartes (1596-1650), à travers ses Méditations Métaphysiques, la quête d’un fondement absolument certain des sciences suppose la prise de conscience de l’incertitude des principes que l’on a reçus et auxquels on croit sans jamais avoir pu les vérifier.
L’ironie socratique et la prise de conscience de l’ignorance. Afin de permettre à ses interlocuteurs de prendre conscience de leur ignorance, Socrate procédait avec ironie, L’ironie signifie l’art d’interroger en feignant l’ignorance. La méthode de Socrate consiste d’abord à questionner, comme s’il voulait tirer son savoir de l’interlocuteur, en arborant souvent une fausse humilité, notamment face aux sophistes gonflés de leur faux savoir.
Mais le but de l’interrogation est de parvenir méthodiquement à ce que l’interlocuteur découvre par lui-même les faiblesses et les contradictions de sa pensée. Pour cela, Socrate accepte telle quelle la réponse qu’on lui apporte, et en tire avec son interlocuteur toutes les implications, jusqu’à celui-ci prenne conscience de la fragilité voire de l’inconsistance (la contradiction des conséquences et des implications) de son prétendu savoir.
- Il ne s’agit ni d’humilier l’autre ni d’assurer son pouvoir sur lui, mais de permettre ainsi de se débarrasser de ce qui empêche une vraie connaissance.
- Ensuite par l’art du dialogue, la dialectique, par un jeu de questions-réponses, Socrate s’efforce de faire naître, de découvrir, de dévoiler la vérité dans l’esprit de son interlocuteur et de lui-même.
Cette démarche, Socrate la compare à l’art de l’accouchement : la maïeutique, La mère de Socrate, Phénarète était sage-femme. celle-ci avait pour mission d’aider à accoucher les corps, lui avait pour mission d’accoucher les esprits. Ce qui signifie qu’il ne prétendait rien enseigner, au sens où il s’agirait de “donner” aux autres un savoir qu’ils n’auraient qu’à recevoir, mais qu’il ne pouvait en quelque sorte qu’aider leur esprit à venir au monde, à découvrir par eux-mêmes la vérité.
Il s’agit donc, et c’est une vision très juste de ce qu’enseigner peut réellement vouloir dire, d’aider les autres à mettre au jour ce qu’ils portent déjà en eux-mêmes (c’est le mythe platonicien de la réminiscence ). Il y a ici l’idée fondamentale (et qui sera par exemple reprise à sa manière par Kant), que la vérité n’est pas affaire d’autorité, ne peut être le fruit d’un enseignement dogmatique, mais la tâche que chacun doit prendre pour lui-même à son compte, que la recherche de la vérité est une activité de recherche critique.
Sur la maïeutique (extrait de Platon, Théétète) “SOCRATE. – Mon art de maïeutique a mêmes attributions générales que le leur. La différence est qu’il délivre les hommes et non les femmes et que c’est les âmes qu’il surveille en leur travail d’enfantement, non point les corps.
Mais le plus grand privilège de l’art que, moi, je pratique est qu’il sait faire l’épreuve et discerner, en toute rigueur si c’est apparence vaine et mensongère qu’enfante la réflexion du jeune homme, ou si c’est fruit de vie et de vérité. J’ai, en effet, même impuissance que les accoucheuses. Enfanter en sagesse n’est point en mon pouvoir, et le blâme dont plusieurs déjà m’ont fait opprobre, qu’aux autres posant questions je ne donne jamais mon avis personnel sur aucun sujet et que la cause en est dans le néant de ma propre sagesse, est blâme véridique.
La vraie cause, la voici : accoucher les autres est contrainte que le dieu m’impose ; procréer est puissance dont il m’a écarté. Je ne suis donc moi-même sage à aucun degré et je n’ai, par-devers moi, nulle trouvaille qui le soit et que mon âme à moi ait d’elle-même enfantée.
Mais ceux qui viennent à mon commerce, à leur premier abord, semblent, quelques-uns même totalement, ne rien savoir. Or tous, à mesure qu’avance leur commerce et pour autant que le dieu leur en accorde faveur, merveilleuse est l’allure dont ils progressent, à leur propre jugement comme à celui des autres.
Le fait est pourtant clair qu’ils n’ont jamais rien appris de moi, et qu’eux seuls ont, dans leur propre sein, conçu cette richesse de beaux penseurs qu’ils découvrent et mettent au jour.” Sur l’amour de l’âme comme supérieur à l’amour du corps (extrait de Xénophon, Le Banquet ) “Oui, par Zeus, dit Socrate, et pour le réjouir encore davantage, je veux lui prouver que l’amour de l’âme l’emporte de beaucoup sur celui des corps.
- Nous savons tous en effet qu’aucune liaison n’a de prix sans l’amitié.
- L’affection de ceux qui admirent le caractère de leurs amis, on l’appelle une douce et volontaire contrainte, tandis qu’un grand nombre de ceux qui désirent le corps de leurs amis blâment et haïssent les moeurs de ceux qu’ils aiment.
S’ils aiment à la fois l’âme et le corps, la fleur de la beauté se fane vite, et, quand elle n’est plus, l’amitié aussi se flétrit fatalement. L’âme, au contraire, tant qu’elle s’avance vers la sagesse, n’en devient que plus digne d’amour. D’ailleurs les jouissances que donne la beauté physique amènent je ne sais quel dégoût et l’on se lasse fatalement des mignons comme on se lasse des aliments, par la satiété; mais on ne se dégoûte pas de l’amour de l’âme, parce qu’il est pur et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne perd rien de ses charmes.
C’est alors au contraire qu’on voit exaucées les prières qu’on adresse à la déesse pour qu’elle nous inspire des paroles et des actes aimables;” Sur la connaissance de son ignorance : (extrait de Platon, Apologie de Socrate ) “SOCRATE. -Vous connaissez certainement Chéréphon.(.) Or, un jour qu’il était allé à Delphes, il osa poser au dieu la question que voici : – de grâce, juges, ne vous récriez pas en l’entendant; – il demanda donc s’il y avait quelqu’un de plus savant que moi.
Or, la Pythie lui répondit que nul n’était plus savant. Cette réponse, son frère que voici pourra l’attester devant vous, puisque Chéréphon lui-même est mort. Apprenez à présent pourquoi je vous en parle. C’est que j’ai à vous expliquer d’où m’est venue cette fausse réputation.
- Lorsque je connus cet oracle, je me dis à moi-même : Voyons, que signifie la parole du dieu ? quel sens y est caché ? j’ai conscience, moi, que je ne suis savant ni peu ni beaucoup.
- Que veut-il donc dire, quand il affirme que je suis le plus savant ? Il ne parle pourtant pas contre la vérité; cela ne lui est pas possible.” Longtemps, je demeurai sans y rien comprendre.
Enfin, bien à contrecœur, je me décidai à vérifier la chose de la façon suivante. J’allai trouver un des hommes qui passaient pour savants, certain que je pourrais là, ou nulle part, contrôler l’oracle et ensuite lui dire nettement : “Voilà quelqu’un qui est plus savant que moi, et toi, tu m’as proclamé plus savant.” J’examinai donc à fond mon homme; – inutile de le nommer; c’était un de nos hommes d’État; – or, à l’épreuve, en causant avec lui, voici l’impression que j’ai eue, Athéniens.
Il me parut que ce personnage semblait savant à beaucoup de gens et surtout à lui-même, mais qu’il ne l’était aucunement.(.) Telle fut, Athéniens, l’enquête qui m’a fait tant d’ennemis, des ennemis très passionnés, très malfaisants, qui ont propagé tant de calomnies et m’ont fait ce renom de savant.
Car, chaque fois que je convainc quelqu’un d’ignorance, les assistants s’imaginent que je sais tout ce qu’il ignore. En réalité, juges, c’est probablement le dieu qui le sait, et, par cet oracle, il a voulu déclarer que la science humaine est peu de chose ou même qu’elle n’est rien.
Qui a tué Socrate ?
Socrate est condamné à mort par le tribunal de l’Héliée, à Athènes, en 399 avant J. -C. Plusieurs amis de Socrate proposent de le défendre, mais il refuse leur aide. Acceptant la sentence, bien que se défendant de l’accusation d’impiété, il boit volontairement la ciguë.
Quelle est la philosophie de Socrate ?
Ainsi, selon Socrate, la philosophie comme manière de vivre – vivre la vie qu’il a lui-même menée et qu’il recommandait à ses jeunes disciples et aux autres interlocuteurs de vivre – c’ est essentiellement s’engager, avec le plus de rigueur et de constance possible, et sans réserve aucune, à user de sa raison, en vue de
Quel est la citation de Platon
‘L’homme est la mesure de toute chose.’ ‘Les yeux de l’esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser.’ ‘La nécessité est la mère de l’invention.’ ‘La vieillesse est un état de repos quant aux sens.
Quelle est la plus belle citation philosophique ?
La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité dont il faut faire l’expérience. Comme le premier pas vers le bien est de ne point faire de mal, le premier pas vers le bonheur est de ne point faire souffrir. Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire.
Quels sont les 25 citations de Socrate ?
Voici les 25 citations de Socrate qui vous feront remettre en question la vie: 1) « La vraie sagesse est de savoir que vous ne savez rien. » 2) « Un vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue. » 3) « Le seul bien est la connaissance, le seul mal est l’ignorance.
- » 4) « Je ne peux apporter de connaissance à un homme, mais je peux le faire réfléchir.
- » 5) « Soyez ouvert, amical et positif avec toutes les personnes que vous rencontrez; tout le monde mène un combat long et difficile.
- » 6) « Les grands esprits discutent des idées; les esprits moyens discutent des événements; les petits esprits discutent des gens.
» 7) « Dans tous les cas, mariez-vous : si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux. Si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l’homme. » 8) « Celui qui ne se contente pas de ce qu’il a ne contenterait pas non plus de ce qu’il veut avoir.
» 9) « Si vous ne recevez pas ce que vous voulez, vous souffrez; si vous obtenez ce que vous ne voulez pas, vous souffrez; même lorsque vous obtenez exactement ce que vous voulez, vous souffrez encore parce que vous ne pouvez pas le garder avec vous pour toujours. Votre esprit est une situation difficile.
Il veut être libre du changement. Sans douleur, sans les obligations de la vie et la mort. Mais le changement est la loi et aucun montant de prétendant va modifier cette réalité. » 10) « Vous pouvez cacher aux autres une action répréhensible, mais jamais à vous-même.
- » 11) « Le doute est le commencement de la sagesse.
- » 12) « Pour vous retrouver, assumez le risque de penser par soi-même.
- » 13) « L’éducation est l’allumage d’une flamme, et non pas le remplissage d’un navire.
- » 14) « Connais-toi toi-même » 15) « Que celui qui veut faire bouger le monde se déplace d’abord lui-même.
» 16) « Le secret du bonheur, voyez-vous, n’est pas trouvé dans la recherche du plus, mais en développant la capacité de jouir de moins. » 17) « Le secret du changement, c’est de concentrer toute votre énergie non pas à lutter contre le passé, mais à construire l’avenir.
- » 18) « Je ne suis ni Athénien, ni Grec, mais un citoyen du monde.
- » 19) « Un trésor de belles maximes est préférable à un amas de richesses.
- » 20) « Comprendre une question est une demi-réponse.
- » 21) « La vraie sagesse vient à chacun de nous quand nous nous rendons compte combien peu nous comprenons la vie, nous-mêmes, et le monde qui nous entoure.
» 22) « Plus riche est celui qui se contente de peu car la richesse est dans la nature. » 23) « Être c’est faire » 24) « L’esprit est la source de tout pouvoir; vous devenez ce que vous pensez. » 25) « Ceux qui désirent le moins de choses sont les plus près des dieux.
Pourquoi Socrate est considéré comme un taon ?
Socrate, le maître de la Grèce « Comme un taon sur le flanc d’un cheval un peu mou. » C’est ainsi que Socrate résumait son rôle d’agitateur infatigable, œuvrant au sein de la cité athénienne. Jusqu’à sa condamnation à mort en 399 av.J.-C., le philosophe n’eut de cesse de titiller ses concitoyens, au gré de discussions publiques où ses interlocuteurs, interrogés dans le cadre de son art d’accoucher les esprits, se voyaient finalement piégés dans leurs propres contradictions et leurs préjugés.
Quels sont les arguments de Socrate ?
– AP1 : Il faut toujours suivre ses propres principes, si on n’en a pas de meilleurs, et non les circonstances. + AP2 : Il ne faut pas suivre l’opinion de la multitude mais celle du juste (même si la multitude a le pouvoir de nous faire mourir).
Quel est le bonheur pour Épicure ?
Buste d’Epicure Comme Epicure le rappelle au début de la Lettre à Ménécée, l’objectif principal de la philosophie est de se débarrasser des troubles de l’âme. Pour cela, le philosophe propose un remède efficace en vue d’évacuer la crainte des dieux et la peur de la mort : la connaissance de la nature des dieux et de la nature humaine.
Comme nous l’avons vu dans le premier billet de cette série consacrée à l’éthique épicurienne, les deux premiers éléments du quadruple remède permettent au philosophe débutant de se rapprocher, peu à peu, de l’ataraxie, cette absence de troubles liée au bonheur, finalité de l’éthique épicurienne. Mais l’absence de trouble psychique ne suffit pas, pour Epicure, à garantir le bonheur.
Qu’en est-il, en effet, de la douleur physique ? Autrement dit, quelle est la place du corps et du plaisir associé à l‘incarnation de l’âme dans l’éthique épicurienne ? Pour Epicure, plus encore que pour les stoïciens, la place et le rôle du corps dans la manière de vivre épicurienne est centrale, et ne peut être détachée de la recherche du bonheur de l’âme, comme le montre la deuxième partie de la Lettre à Ménécée, que nous allons parcourir ensemble dans ce billet.
Pour Epicure en effet, le trouble de l’âme peut être lié à la douleur ressentie par le corps, dès lors que la douleur corporelle est également ressentie par l’âme. L’éthique épicurienne exige donc une maîtrise du corps et de ses affections. De ce fait, la Lettre à Ménécée propose une véritable thérapie de l’âme et du corps, qui passe notamment par l’ascèse ou le contrôle des désirs, à la recherche d’un plaisir stable apportant le bonheur.
L’ascèse des désirs et la santé du corps Le contrôle des désirs associé à l’éthique épicurienne et la santé du corps qui accompagne ce contrôle sont étroitement liés à la classification des désirs proposée par Epicure dans la deuxième partie de la Lettre à Ménécée,
Le philosophe y présente en détail les différents types de désirs éprouvés par l’être humain et justifie par la même occasion le contrôle des désirs, puisqu’il permet de conserver la santé de l’âme et du corps, sous la double forme de l’ataraxie et de l’absence de douleurs physiques (aponie) : Et il faut voir que parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres vides, et que parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres seulement naturels ; et parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d’autres à l’absence de perturbations du corps, d’autres à la vie même.
En effet, une observation sans détour de ces distinctions sait rapporter tout choix et tout refus à la santé du corps et à l’ataraxie, puisque telle est la fin de la vie bienheureuse, Ce passage distingue clairement les différents types de désirs que l’être humain éprouve, et met en avant l’importance des désirs naturels et nécessaires pour atteindre le bonheur, défini par Epicure comme absence de troubles psychiques, ou ataraxie.
- Mais ces désirs naturels et nécessaires permettent également l’absence de douleurs physiques, ou aponie.
- Santé de l’âme et du corps sont ainsi liées à la réalisation de ce type de désirs.
- En outre, les désirs naturels et nécessaires sont essentiels pour le maintien en vie de tout être humain.
- Passons maintenant en revue les trois types de désirs décrits par Epicure, en mettant l’accent sur ceux qu’il convient de suivre ou de rejeter en vue du bonheur : 1- les désirs naturels et nécessaires Les désirs naturels et nécessaires sont indispensables à la vie bienheureuse, que ceux-ci apportent l’ataraxie, l’absence de troubles physiques, ou simplement la vie, comme on vient de le voir.
Désirer boire et manger lorsque l’on a faim et soif est un désir naturel et nécessaire, par exemple. Nous reviendrons plus bas sur l’importance de ces désirs dans la définition épicurienne de la vie bienheureuse.2- les désirs naturels et non nécessaires Les désirs naturels et non nécessaires, quant à eux, ne sont pas mauvais, car naturels, mais ne méritent pas d’être poursuivis de manière inconditionnelle ou excessive.
Ainsi, désirer bien manger et boire de délicats breuvages est naturel, certes, mais non nécessaire. Les désirs naturels et non nécessaires correspondent ainsi à des fonctions naturelles, et peuvent être satisfaits sans que leur non satisfaction soit dangereuse : on pourrait s’en passer, comme on peut se passer de boire lorsqu’on n’a pas soif.
Néanmoins, ces désirs naturels et non nécessaires deviennent vides par excès et dérèglement. Comme pour Aristote, et loin de l’image ordinaire que l’on se fait de l’épicurien, c’est la juste mesure qui l’emporte dans l’usage de ce type de désirs : « Parmi les désirs naturels qui ne reconduisent pas à la souffrance s’ils ne sont pas réalisés, ceux où l’ardeur est intense sont les désirs qui naissent d’une opinion vide, et ils ne se dissipent pas, non pas en raison de leur propre nature, mais en raison de la vide opinion de l’homme ». On voit là le danger que représentent pour l’homme les désirs naturels et non nécessaires : la non-satisfaction de ces désirs, et la souffrance associée au manque que nous pouvons éprouver, quand bien même il s’agit de biens non nécessaires. Si je prends l’habitude de mets délicats, je risque de ressentir un certain manque et de souffrir lorsque, pour une raison ou une autre, les circonstances de la vie font que je dois me contenter d’une nourriture plus simple et moins appétissante.
De même, si je suis attaché à boire quotidiennement un verre de vin pour accompagner mon repas, il y a de fortes chances que je sois bien en peine de ne pas être affecté par le verre d’eau dont je dois désormais me contenter. Si ce type de désirs naturels ne sont pas nécessaires, et doivent être abordés avec prudence, ils sont importants néanmoins, dans le sens où ils permettent une variation des plaisirs, comme nous le verrons plus loin.
En effet, boire sans avoir soif, c’est boire pour le plaisir. Et la variation des plaisirs qu’une bonne glace peut apporter, par exemple, est essentiel à l’effacement des douleurs physiques et psychiques auxquelles nous sommes confrontés à un moment donné dans notre vie.3- les désirs non naturels et non nécessaires Les désirs non naturels et non nécessaires sont à éviter absolument.
- Ce sont des désirs vides qui naissent d’opinions vides : c’est par exemple le désir d’être immortel.
- Inutile d’expliquer en quoi ces désirs ne peuvent engendrer que la souffrance, étant donné l’impossibilité de leur réalisation.
- Revenons plutôt sur la première catégorie de désirs, indispensables, pour Epicure, à la vie bienheureuse, afin de comprendre en quoi ce type de désirs apporte au philosophe la paix de l’âme et du corps.
Le bonheur : à la recherche d’un plaisir stable La classification des désirs opérée par Epicure met clairement en avant les désirs naturels et nécessaires. En effet, ce sont ceux qui contribuent au bonheur et à la paix du corps, mais aussi à la vie. Pour Epicure, la paix du corps et la vie ne sont pas des fins en soi, mais sont les conditions préalables au bonheur, qui lui est une fin en soi.
Epicure propose en effet une définition négative du bonheur comme un état dans lequel on n’éprouve aucune affection douloureuse venant du corps ou de l’âme. Mais le bonheur ne se réduit pas à la paix du corps, que permet la satisfaction des désirs naturels et nécessaires. Certes, la paix du corps ou l’absence de douleur physique est un élément important de la vie bienheureuse, mais elle n’a de valeur qu’en vue de la paix de l’âme.
En d’autres termes, le bonheur est un état de paix qui réalise une certaine plénitude de l’âme et du corps, plénitude qui se caractérise avant tout par une absence de troubles : Car ce pour quoi nous faisons toutes choses, c’est ne pas souffrir et ne pas être dans l’effroi ; et une fois que cela se réalise en nous, se dissipe toute la tempête de l’âme, puisque le vivant n’a pas à se diriger vers quelque chose comme si cela lui manquait, à la recherche de ce qui permettrait au bien de l’âme et à celui du corps d’atteindre leur plénitude, La plénitude du sage épicurien Cette définition négative du bonheur, cette absence de troubles qui caractérise la vie bienheureuse, conduit le philosophe épicurien à une certaine ascèse des désirs : car nul plaisir n’est nécessaire si le plaisir procuré par l’ataraxie, cette plénitude du corps et de l’âme, est présent.
Il s’agit seulement, lorsque cela est nécessaire, d’opposer le plaisir (d’un bon verre de vin, ou d’une discussion entre amis) à la douleur actuelle (physique ou psychique). Et une fois la douleur supprimée par le plaisir associé à la réalisation de désirs naturels et non nécessaires (ou au souvenir de sa réalisation), la recherche du plaisir n’est plus une priorité.
Un plaisir stable et profond est déjà présent, en effet, lorsque le philosophe atteint la plénitude du corps et de l’âme que l’on nomme ataraxie. Cette absence de douleur physique et psychique est bien, pour Epicure, le plus grand des plaisirs : En effet, c’est à ce moment que nous avons besoin d’un plaisir, lorsque nous souffrons par suite de l’absence du plaisir ; mais lorsque nous ne souffrons pas, nous n’avons plus besoin du plaisir.
Et c’est pour cette raison que nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse, Il s’agit donc en définitive de ne pas souffrir et ne pas être dans l’effroi, en s’aidant pour cela de certains plaisirs, mais dans le seul but de faire cesser la douleur et d’atteindre l’ataraxie.
De cette définition du bonheur va découler, pour Epicure, une réflexion approfondie sur le plaisir, principe et fin de la vie bienheureuse. Nous verrons dans le prochain billet quels sont les différents types de plaisir, et en quoi le calcul des plaisirs permet au philosophe épicurien de conserver la paix de l’âme et du corps essentielle au bonheur.
Classification déjà esquissée par Platon dans la République (558d). Epicure, Lettre à Ménécée, 127-128, trad.J.-F. Balaudé. Epicure, Maximes capitales, XXX. Epicure, Lettre à Ménécée, 128. Idem Crédits photo: Epicurus, par franzconde, Licence CC BY ; Treat at Häagen-Dazs, par Jean-Christophe, Licence CC BY-NC-SA ; Etang en plénitude, par marief este, Licence CC BY-NC-SA,
Citer ce billet: Maël Goarzin, “Epicure et le bonheur : de l’ascèse des désirs à la recherche d’un plaisir stable”. Publié sur Comment vivre au quotidien? le 20 septembre 2018. Consulté le 20 août 2023. Lien: https://biospraktikos.hypotheses.org/3815,
C’est quoi le bonheur selon Kant ?
Le bonheur – Tle – Théories Philosophie – Kartable Pour profiter de 10 contenus offerts. Pour profiter de 10 contenus offerts. Fondements de la métaphysique des mœurs Pour Kant, le bonheur est un concept indéterminé : chaque personne le définit selon ses préférences et ses goûts. On ne peut donc pas s’accorder sur une définition du bonheur. C’est un concept empirique, ce qui veut dire qu’il est défini en fonction de l’expérience de chacun. « Le bonheur est un idéal de l’imagination et non de la raison. » Fondements de la métaphysique des mœurs Pour Kant, le bonheur est un concept empirique : il est particulier (bien que tout le monde le recherche en tant que but universel) et vague, c’est-à-dire qu’il repose sur une idée que chacun se fait du bonheur. C’est pourquoi il relève de l’imagination, et non de la raison, qui suppose des représentations claires. Épicure invite à apprendre à distinguer les désirs naturels des désirs vains. Car on ne peut atteindre le bonheur que si l’on sait voir lesquels sont utiles et conformes à la nature de l’homme. Ainsi, certaines choses procurent du plaisir mais portent préjudice (trop manger). Tandis que certaines souffrances sont désagréables mais souhaitables (se faire soigner une carie). C’est seulement quand on se sera exercé à les discerner que l’on pourra espérer atteindre l’ataraxie, c’est-à-dire la paix de l’âme. On parle d’aponie pour caractériser la paix du corps. « C’est par une sage considération de l’avantage et du désagrément qu’il procure que chaque plaisir doit être apprécié. » C’est par un exercice de la raison que nous devons apprendre à discerner les désirs nécessaires et ceux qui ne le sont pas. La difficulté est que les passions et l’imagination nous entraînent trop loin de la nature, et que nous confondons le désir naturel (par exemple, le désir sexuel) dont la satisfaction n’est pas indispensable à la vie et le désir naturel et nécessaire (par exemple, la faim). Le désir naturel et nécessaire est très proche de ce que nous appelons le besoin. Pour le philosophe stoïcien Épictète, le monde est régi par une stricte nécessité : le cours des choses, ce qui arrive, ne dépend pas de nous. Seule notre réaction face aux hasards de la vie est en notre pouvoir. Il faut donc apprendre à maîtriser ses passions, et à accepter les événements sans en pâtir. « Il n’y a qu’une route vers le bonheur, c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. » Pour être heureux, il ne faut désirer que ce qui dépend de nous, car désirer ce qui dépend du « hasard » revient à se faire l’esclave de ses passions. Pour Aristote, le bonheur est la fin de toutes les actions de l’homme : c’est ce qui est visé à travers chacune d’elles.Si le bonheur est ce qui est visé à travers toutes ses actions, il n’est donc pas un état stable, mais une activité. C’est en agissant conformément à la vertu que l’homme réalise son essence et trouve le bonheur. Cette existence est source de plaisir. « Le bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu. » Être vertueux, c’est donc développer la capacité qui est propre à l’homme, et la développer le mieux possible. C’est en pratiquant la vertu tout au long d’une vie que l’on accède au bonheur. « Il est impossible que l’homme ne soit pas une partie de la Nature et ne puisse éprouver d’autres changements que ceux qui se peuvent connaître par sa seule nature et dont il est cause adéquate.Il suit de là que l’homme est nécessairement toujours soumis aux passions, suit l’ordre commun de la Nature et lui obéit, et s’y adapte autant que la nature des choses l’exige. » Pour Spinoza, le désir n’est pas quelque chose d’extérieur à l’homme : c’est l’expression de son essence. En effet, le corps tout comme l’esprit ont des désirs qui les incitent à continuer d’exister et à se développer conformément à leur nature. Il faut donc apprendre à suivre notre nature profonde, laquelle s’exprime par des désirs.Spinoza invite donc à connaître les causes des désirs afin d’écarter les désirs qui ne réalisent pas l’essence de l’homme. C’est en empruntant ce chemin qu’il est possible d’accéder à la béatitude. : Le bonheur – Tle – Théories Philosophie – Kartable
C’est quoi le bonheur pour Aristote
I. Le bonheur est le Souverain Bien – La première thèse est que le bonheur est le « Souverain Bien », Souverain Bien est synonyme de but de la vie, Ce serait le bien le plus ultime, celui qui vaut plus que tous les autres. Cette thèse est défendue de manière générale dans l’ Antiquité,
- C’est une thèse eudémoniste, qui considère le bonheur comme le but de la vie.
- On la trouve particulièrement étayée chez Aristote,
- Aristote part de la distinction entre deux activités, la « poiesis » et la « praxis ».
- La « poiesis », en grec, pourrait être rendue par le mot « production », c’est une activité qui a sa fin en dehors d’elle-même.
Par exemple, l’activité du cordonnier a sa fin en dehors d’elle-même puisque le cordonnier fabrique une chaussure, extérieure à son activité de production. – La « praxis » est une activité qui est une fin en soi : il y a « praxis » quand ce que je fais ne produit pas un objet extérieur.
- Par exemple, jouer de la musique, faire du sport ou parler devant une assemblée.
- Or, si le bonheur est le Souverain Bien, dit Aristote, c’est nécessairement qu’il est une fin en soi, ce n’est pas un moyen pour autre chose, il appartient donc au domaine de la « praxis ».
- Il s’agit alors de savoir de quelle « praxis » il s’agit.
Pour répondre à cette question, il faut garder en tête ce qu’est le finalisme d’Aristote qui est que tout être a une finalité, une fin, une essence à accomplir, tout être est fait pour quelque chose. Pour ce qui est de l’homme, il faut cerner sa spécificité, la pensée,
- Donc, pour l’homme, trouver le bonheur, c’est-à-dire accomplir sa finalité, c’est faire l’exercice de sa pensée, du logos, ce qui peut se décliner en deux « praxis ».
- Pour Aristote, il y a l’ activité politique et morale qui est une fin en soi, mais également l’ activité de connaissance, qu’il appelle la théorétique, la contemplation, la philosophie.
Pour résumer, selon Aristote, le bonheur est le Souverain Bien et s’atteint pour l’homme par une activité de la pensée, considérée comme activité qui est à elle-même sa propre fin, et qui se décline comme activité politique ou morale ou bien comme activité théorétique, de connaissance.
Quel sont les causes de l’ignorance ?
En philosophie, l’ignorance est l’écart entre la réalité et la perception que l’on en a. Cet écart peut être la conséquence d’un préjugé, d’une illusion, d’une erreur de logique, d’un biais de la pensée ou tout simplement le fait de ne pas savoir.
Pourquoi Seul celui qui sait ne pas savoir cherche ?
Celui qui ne sait pas ce qu’il cherche, ne comprend pas ce qu’il trouve.
Quel est le pire des maux pour Socrate
Socrate considère qu’échapper au châtiment est une peine que l’on ne peut souhaiter qu’à ses ennemis car ne pas expier ses crimes est le pire des maux.
Pourquoi Socrate n’a jamais rien écrit ?
Socrate contre l’écriture | Jeanne Bazard écrit pour vous Je suis en train de lire le livre de Maryanne Wolf, professeure américaine de neurosciences cognitives, curieusement intitulé Proust et le calamar. Il y est question des conséquences possibles, sur le cerveau humain, du remplacement du livre par le digital (pour faire simple).
Une première partie est consacrée à l’apparition de l’écriture, notamment en Grèce. Du vivant de Socrate, au Ve siècle avant JC, elle en est à ses débuts. C’est avec Aristote, au siècle suivant, que le monde grec passe de l’enseignement oral à la lecture. Socrate était opposé à l’écriture parce que les mots écrits étaient pour lui une matière inerte, sans nuance ni profondeur.
Seul le dialogue, la fameuse méthode socratique d’enseignement, permet de les charger de sens en les questionnant. Socrate pensait que l’écriture allait faire disparaître la mémoire, faculté extrêmement développée à cette époque comme on l’imagine, puisque l’écrit n’existait pas encore.
- Or la mémoire était pour lui — et reste objectivement — un instrument incomparable d’appropriation des connaissances.
- Socrate s’inquiétait enfin des dangers de la diffusion de textes hors du contrôle de leur auteur.
- Livrés à eux mêmes, ils seraient à la merci de toute interprétation ignorante ou mal intentionnée (tiens, tiens).
Même s’il n’est évidemment pas question de regretter l’avènement de l’écriture, on ne peut nier que Socrate ait eu raison sur ces trois points. Le premier est peut-être le moins évident des trois, à moins qu’il ne recouvre cette idée simple : quand les mots n’ont pas de sens ou en ont trop (uberisation, république, laïcité, élites), chacun comprend ce qu’il veut et plus personne ne comprend rien.
Pourquoi Socrate affirme qu’on ne peut faire le mal volontairement ?
Elle constitue la catégorie essentielle de la pensée morale. Mais cette distinction entre la faute et l’erreur est moins claire qu’il n’apparaît à première vue. Ainsi, Socrate soutient que la faute se réduit à une erreur, que nul n’est méchant volontairement car « le bien est la source de toutes nos actions ».
Qu’est-ce que la philosophie Je ne sais pas ?
La philosophie, du grec ancien φιλοσοφία / philosophía (composé de φιλέω / philéô, « aimer », et de σοφία / sophía, « sagesse, savoir »), signifiant littéralement « amour du savoir » et communément « amour de la sagesse », est une démarche qui vise à une compréhension du monde et de la vie par une réflexion rationnelle et critique.
Cette réflexion n’est pas pour autant le propre d’un homme en particulier mais de tout homme dans sa dimension proprement humaine même si certains penseurs en ont fait le cœur de leur activité. C’est une recherche de la vérité qui est guidée par un questionnement sur le monde, la connaissance et l’ existence humaine,
Elle existe depuis l’ Antiquité en Occident et en Orient, à travers la figure du philosophe, non seulement en tant qu’activité rationnelle mais aussi comme mode de vie. L’ histoire de la philosophie permet d’appréhender son évolution. Ancrée dès ses origines dans le débat d’idées partagées lors du dialogue entre un maître et ses disciples dans les différentes écoles philosophiques, la philosophie peut se concevoir comme une activité de création, de méditation, de définition et d’analyse de concepts tels que le bien, le mal, la beauté, la justice,
Elle peut aussi être envisagée comme une quête de vérité, de liberté, de sens, de conscience, bref, une quête du bonheur, Du point de vue de la théologie chrétienne à qui elle est associée dans sa démarche, son objectif devrait être tourné vers la contemplation de la vérité et la recherche de la finalité dernière et du sens de la vie,
Chez Aristote, la sagesse est la science des premiers principes et des premières causes, C’est une définition sur laquelle s’appuieront les aristotéliciens à l’époque médiévale pour fonder la philosophie première, Au sens moderne et pour une partie des philosophes contemporains, la philosophie n’est pas un savoir, ni un ensemble de connaissances, mais une démarche de réflexion sur les savoirs à disposition,
Elle est devenue une discipline des sciences humaines, En ce sens, la philosophie contemporaine se rapproche beaucoup d’une dynamique épistémologique. Le champ d’étude de la philosophie peut embrasser un ensemble de disciplines telles que les sciences humaines et sociales, les sciences formelles et les sciences naturelles, auxquelles elle est historiquement liée.
La philosophie a engendré des domaines d’études fondamentaux tels la logique, l’ éthique (philosophie morale), la métaphysique, et l’ épistémologie ( philosophie des sciences et théorie de la connaissance ). Au cours du temps, ces branches de la philosophie ont vu naître des ramifications comme celles de la philosophie politique, la philosophie du droit, l’ esthétique (philosophie de l’art), l’ ontologie, la philosophie de l’esprit, l’ anthropologie philosophique, ou la philosophie du langage, entre autres.